Les périodes sensibles
Par Fanny Seugé
Sur www.eveilpsychomoteur.fr
Bébé manipule, il tapote sur le sol, il ouvre et ferme les placards, il babille, il pousse. Il ne pousse pas seulement une fois dans la journée, il trouve des objets variés à pousser. Il répète cette action, il a l'air d'aimer des jeux de façon un peu obsessionnelle.
Bonne nouvelle : il apprend ! Il est en plein dans une période sensible, il répète, répète et répète et en prend beaucoup de plaisir. C'est magique d'apprendre avec tant de joie ! Le jeune enfant apprend la constance et les particularités. Il se rend compte qu'en poussant, l'objet se déplace, c'est une règle constante. Par contre, l'objet fait plus ou moins de bruit en frottant sur le sol lors de son déplacement, et l'enfant s'aperçoit qu'il a besoin d'appliquer plus ou moins de force pour le faire bouger, ce sont les particularités.
Il saisit des propriétés de son corps : la force du geste, le déséquilibre du buste lorsqu'il pousse, les appuis sous les pieds qui se modifient. Il capte les propriétés des objets : le poids et le volume auxquels il va devoir ajuster ses gestes pour avoir l'effet voulu, la vitesse ou la résistance qui changent si il a des roues par exemple.
Le jeune enfant ne construit pas de pensée avec des mots et une logique comme nous. Sa pensée se fait par l'expérience qu'il vit au présent, et qui l'oblige à s'ajuster. Son expérience, mille fois répétée lui permet ensuite d'anticiper ce que son action va produire. Mais pour cela il a besoin d'avoir l'expérience de la constance et des particularités. Etant donné le nombre de particularités, il a du boulot ! Et le fait à coeur joie.
Il saisit des propriétés de son corps : la force du geste, le déséquilibre du buste lorsqu'il pousse, les appuis sous les pieds qui se modifient. Il capte les propriétés des objets : le poids et le volume auxquels il va devoir ajuster ses gestes pour avoir l'effet voulu, la vitesse ou la résistance qui changent si il a des roues par exemple.
Le jeune enfant ne construit pas de pensée avec des mots et une logique comme nous. Sa pensée se fait par l'expérience qu'il vit au présent, et qui l'oblige à s'ajuster. Son expérience, mille fois répétée lui permet ensuite d'anticiper ce que son action va produire. Mais pour cela il a besoin d'avoir l'expérience de la constance et des particularités. Etant donné le nombre de particularités, il a du boulot ! Et le fait à coeur joie.
Nous, adultes, n'avons pas besoin de toucher un objet pour en comprendre les propriétés, nous avons eu assez d'expériences passées pour cela. Le jeune enfant créé ces expériences, son cerveau se construit grâce à elles.
On me dit souvent : "j'ai du mal à savoir quoi proposer à cet enfant", d'après moi les périodes sensibles sont un très bon moyen de savoir quel matériel répondra à ses besoins. Il est important d'observer l'activité spontanée de l'enfant. Dès qu'il a une boite des les mains, il la vide. Il est donc dans la période sensible de vider, il apprend la contenance, l'effet visuel et sonore d'objets tombant d'une boite, le poids de la boite qui se modifie au fur et à mesure qu'elle se vide, le geste de rotation du bras. Nous pouvons penser que ce serait encore plus riche pour lui d'avoir des objets variés (de forme, de texture, de taille, de poids différents) à vider. Et des boites de différentes tailles et textures. Il aura comme ça l'occasion, dès qu'il le souhaite de répéter l'action qui lui apprend tant ! Pas d'inquiétude, la période sensible de remplir-vider viendra vite !
Nous ne pouvons pas anticiper les périodes sensibles futures, il est important de s'adapter en permanence à l'activité spontanée de l'enfant pour lui mettre à disposition des jouets ajustés à ses besoins. Cela n'a pas de sens d'attendre d'un enfant qu'il soit intéressé par pousser un objet alors qu'il est dans une période sensible de vider. Si nous le faisons pousser, alors qu'il n'a pas lui même amorcé l'action, cela ne lui apprend rien. Son cerveau ne se nourrit pas de cette expérience car il n'est pas encore dans cette période sensible.
Par ailleurs, un enfant qui a l'obsession de pousser mais à qui on interdit de faire cette action (cela fait du bruit, ou met du bazar) ne pourra pas remplir sa période sensible d'expériences. Il n'apprendra pas la constance du poussage ni les particularités des objets poussés. A un moment sa période sensible se terminera, il passera à autre chose, et ses expériences de pousser, une fois la période sensible terminée, lui apprendront beaucoup moins que pendant la période sensible. Il manquera de bases.
Nous ne pouvons bien sur pas tout autoriser. C'est essentiel qu'il y ait des règles. Par contre nous pouvons trouver des objets à pousser que l'enfant aura l'autorisation de pousser, des jeux qui font moins de bruits par exemple. Ou nous pouvons emmener les jeux à pousser à l'extérieur.
Les jeux à pousser sans roues sont très bien car moins difficiles à utiliser pour les petits. Un marche pied (possible de la retourner pour moins de bruit), une petite chaise, un pouf, un gros coussin, une boite en carton.
Observons, amusons nous à trouver la ou les périodes sensibles, trouvons des idées de matériel, proposons, ajustons !
Petites pistes pour observer les périodes sensibles dans cet article : les verbes d'action !
Petites pistes pour observer les périodes sensibles dans cet article : les verbes d'action !