L'auto-apaisement



Par Fanny Seugé
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Nous faisons tous les gestes d'auto-apaisement sans nous en apercevoir : mordre l'intérieur de sa joue, gratter les peaux autour des ongles, croiser ses jambes, pincer ses lèvres, toucher ses cheveux, jouer avec sa langue, chantonner, etc.
Ces gestes nous permettent de nous concentrer, de faire baisser un petit peu notre niveau de stress, de nous sentir en sécurité. Ils sont le reflet d'une certaine anxiété, qui n'est pas forcément mauvaise pour nous. 
Faire disparaître ces gestes n'est pas un but absolument intéressant, mais savoir les repérer pour nous aider à comprendre notre état émotionnel peut être un atout.


Auto-apaisement chez le jeune enfant

Les jeunes enfants ont très tôt ces gestes d'apaisement, ils sont observables au niveau de la succion, de l'agrippement (avec les mains ou avec le regard), de la posture, des contacts physiques qu'ils font sur eux même, de la voix
Voici quelques exemples : caresser son oreille, agripper ses habits, téter fort, toucher ses genoux, tâter le sol, croiser ses jambes, s’attraper les mains, regarder intensément un objet, crier, mettre les mains dans la bouche, faire tourner ses mains et ses pieds, émettre un son constant, et il en existe bien d'autres.
Ils peuvent être confondus avec des gestes banales d'exploration, car en effet ils en sont, c'est la répétition qui met en avant que ce sont des gestes d'auto-apaisement.



Causes des gestes d'apaisement

Ces gestes ne sont pas pathologiques, mais donnent un bon renseignement sur le niveau d'anxiété du bébé. Ils mettent en lumière des enfant plus émotifs et sensibles à l'anxiété, ou des périodes plus compliquées.
Lorsque nous observons ces gestes, nous pouvons nous mettre dans une démarche d'accompagnement à l'apaisement. Par exemple, en crèche, un enfant ayant fréquemment des gestes d'auto-apaisement aura peut être besoin de plus de repères, par exemple des repères visuels autour de l'endroit où il est posé ou encore un adulte préférentiellement disponible à lui pour l’accueil et les soins.

Les enfants ayant des nombreux gestes d'auto-apaisement montrent aussi parfois un inconfort dans l'utilisation de leur corps. L'anxiété pouvant venir autant d'un environnement pas assez apaisant pour lui (qui pourra être assez apaisant pour un autre enfant), mais elle peut aussi venir d'un manque de compréhension de sensations corporelles. Par exemple, un jeune enfant qui est facilement dérouté lors de jeux de balancier ou de bascule, s’agrippe à ses habits ou au sol.

Les bébés peuvent aussi montrer des gestes d'auto-apaisement lors du contact relationnel. Certains savent garder un grand sourire face à un adulte inconnu, mais vont se toucher le visage, s’attraper les mains ou téter fortement sur la sucette.
Les gestes d'auto-apaisement peuvent aussi être des signes d'excitation, comme un enfant qui secoue ses mains à l'arrivée du repas.

Les gestes d'auto-apaisement sont à prendre au sérieux pour mieux ajuster son comportement face au jeune enfant. Un jeune enfant stressé ou traumatisé vous le fera ressentir par des difficultés de sommeil, d'alimentation ou des gestes d'auto-apaisement, par forcément par des pleurs ou une apathie. Il pourra rester joyeux et communicant.


Auto-agrippement

Si ces gestes sont trop répétitifs et importants, ils sont appelés gestes d'auto-agrippement. La différence entre auto-apaisement et auto-agrippement n'est pas facile à percevoir. Dans l'auto-agrippement, l'enfant a du mal à ne pas les faire, les gestes l’empêchent de faire son boulot de bébé et d'explorer l'environnement et les relations. Ils sont inquiétants et il est alors important d'en parler au médecin.


L'attachement



Par Fanny Seugé
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S'attacher pour mieux se détacher

Le jeune enfant a besoin de 
savoir que l'adulte est disponible pour lui.
C'est une condition 
nécessaire pour pouvoir explorer et jouer.

L'attachement est comme l'eau avec laquelle nous arrosons les plantes 
Chaque plante a des besoins différents d'eau
Selon la température la plante a besoin certains jours de plus d'eau
Mais l'enfant lui seul sait combien d'eau il a besoin, il va la réclamer puis passer à autre chose une fois que sa plante est suffisamment hydratée.

L'eau pour la plante est pour l'enfant : nos bras, notre voix, nos paroles adressées à lui, notre regard, un moment de qualité partagé avec lui, entendre son prénom, un moment de complicité
Chaque enfant a un mode d'arrosage qui l'hydrate mieux, selon les moments.

Attendre que l'enfant soit déséché et montre des signes d'inquiétudes (difficultés autour des repas, du sommeil, de la passivité, des colères)  n'est pas une bonne façon de faire. Se montrer disponible afin que l'enfant puisse venir chercher de petites doses d'attachement est très important, ceci se fait par un regard ouvert sur le groupe ou la salle, une position au sol ou proche du sol et une totale possibilité de repartir lorsque l'attachement est suffisant.

Nous avons la possibilité de lui donner un peu d'attachement tout au long de la journée : en décrivant ce qu'il est en train de faire, le valorisant et le nommant, lui souriant.

Les moments de qualité et de complicité
Les moments en face à face pendant lesquels nous sommes en totale empathie et écoute de l'enfant sont des sources très importantes d'hydratation. Cela se fait sur un temps de change, de couchage, un repas ou dans la salle de vie. Il est important de pouvoir prendre le temps pour ce moment de qualité.  

Les jeux sans matériel


Par Fanny Seugé
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Voici une petite liste de jeux sans matériel nécessaire. 
Ils peuvent se faire en face à face ou avec un groupe. Ces jeux ne sont pas une source d'apprentissage, mais dans le but d'un moment de qualité partagé ensemble. Selon les enfants, ils peuvent durer une minute ou plusieurs minutes, sans obligation de résultat.

Gym - imitation de positions : jambes écartées, pieds en l'air, sauter, tourner, se déhancher, rouler, taper des pieds. 
Sur imitation de l'adulte. 
Propositions de la part des enfants. 
Parfois les mouvements à faire peuvent être soutenus de sons.

Souffle - fort, souffler loin, doucement, sans faire de bruit

Auto-massage - frotter les différentes parties de son corps, secouer les mains et les pieds, tapoter les différentes parties de son corps. 

Massage - sur l'enfant après avoir demandé l'accord (de l'adulte pour l'enfant, les enfants entre eux, les enfants pour l'adulte) : frottement dans le dos, massage grâce à une balle, un tissu

Yoga - à partir d'images et de dessins (un livre est très bien fait pour cela : le yoga des petits de Rebecca Whitford)

Grimaces - jeux d'imitations de drôles de tête, mimiques d'émotions

Postures - reproduire les postures d'animaux

Jeux de chute - eeeeeeeeeeet badaboum. Jouer à chuter, à se remettre debout, et rechuter. D'une position debout ou assise.


Grand/Petit - se faire très grand et très petit

Fort/doucement - taper sur le sol fort et doucement, mettre l'oreille par terre ou contre le mur pour écouter les petits bruits faits avec le bout du doigt. Jouer avec sa voix.

Doucement/Rapidement/stop - taper à différentes cadence et s'arrêter. viiiiiiiiiiite eeeet stop ! Avec les pieds ou avec les mains.

Déplacements - d'un bout à l'autre d'une pièce, démarrant d'un mur pour aller à l'autre, ou d'un tapis pour aller vers l'autre. En courant ou en marchant, soutenu d'un son, qui démarre lorsque l'enfant démarre son déplacement et s'arrête en même temps que l'enfant.

Psychomotricien = super animateur ?



Par Fanny Seugé
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Les psychomotriciens sont parfois perçus comme ayant des milliers d'idées de jeux, faisant des parcours, créant des situations rigolotes.

Un peu oui mais un peu non aussi

Le psychomotricien est surtout formé pour percevoir au plus juste les besoins et les particularités des enfants. Son outil principal est l'observation. L'observation donne de très précieux éléments sur l'enfant, ses besoins de jouets, ce qu'il est en train d'acquérir et ce que nous pouvons lui proposer.

Cette observation se fait grâce à du temps, de la disponibilité et des connaissances.
Du temps pour prendre connaissance de l'environnement, des routines, de ce qui se passe autour de l'enfant, et de comment il réagit à tout cela.
De la disponibilité pour capter la communication de l'enfant, qui semble parfois si minime : elle peut s'observer par les postures, les mimiques, les gestes, la voix. Cette disponibilité se fait grâce à l'empathie.
Des connaissances, si nous pouvons noter un grand nombre de réactions et de signes de communication du jeune enfant, il est important d'avoir des éléments pour les comprendre. Avec l'humain, il n'y a pas de certitudes, un sourire pour un enfant ne voudra pas forcément dire la même chose pour un autre enfant. Un certain tâtonnement est inévitable. Mais des références théoriques utiliser les observations pour ajuster ce qui est proposé à l'enfant.


Mais il est certain que le jeu reste un outil absolument essentiel.
Il est essentiel au psychomotricien tout d'abord pour entrer en relation avec l'enfant. 
Il est essentiel à l'enfant pour suivre le fil de son développement, avoir des acquisitions, se connaitre, connaitre ce qu'il l'entoure, les objets, les personnes, les matières, les volumes. Mais ce n'est pas un excès de jeux et de stimulations qui accélérera le développement de l'enfant, bien au contraire (d'où l'importance de l'observation pour être dans le juste).

L'observation et le jeu ne sont pas des outils qui appartiennent seulement aux psychomotriciens. Et heureusement ! Les professionnels de la petite enfance les utilisent au quotidien.
Mais parfois, le quotidien ne permet plus de prendre du recul, de voir certains signes, de prendre le temps de regarder, écouter, être en empathie. Et parfois aussi certains connaissances manquent.
L'aide d'un psychomotricien permet de débloquer des situations compliquées, de prendre conscience de certaines habitudes, de comprendre le sens de gestes quotidiens, de percevoir les enfants autrement et de se former.

Les comptines à doigts



Par Fanny Seugé
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Le chant est un moment d'apaisement pour le jeune enfant. Surtout en groupe ! C'est un excellent médiateur à la relation. Le petit enfant est sensible à la mélodie, à la voix, aux intonations, aux mimiques et aux gestes. Sa propre voix est un immense terrain de jeu qu'il utilise dès le début de sa vie, en testant, d'écoutant, modulant, imitant.
Il existe différents types de chansons (les berceuses, les ritournelles), là je vais vous parler des comptines à doigts. 

Les comptines à doigts sont adorées, car elles mobilisent différents sens, l'enfant regarde en plus d'écouter. Et si il le souhaite, il peut imiter !
Tout au long de son développement, le jeune enfant apprend en regardant, écoutant et touchant. Il fait des liens entre les informations qui lui arrivent par les différents sens. Il fait aussi des liens entre cause et conséquence. C'est donc un grand plaisir pour lui de percevoir que nos gestes se font en lien avec un son émis ou un changement de ton. Il apprécie la constance et la répétition. Il est content d'anticiper ce qui va se passer.

Les comptines à doigts sont de meilleures qualités lorsque nous appliquons quelques règles :

Le petit théâtre - nos mains sont présentées à l'enfant dans un petit théâtre. Nous pouvons imaginer ce théâtre : à bonne distance de notre corps et de l'enfant. Les gestes évoluent dans un cadre imaginé par nous. Vous pouvez imaginer un rectangle devant vous, qui est le repère dans l'évolution des gestes. Les mains y bougent, peuvent se rapprocher de l'enfant ou monter, mais elles reviennent dans ce rectangle.
Les petits personnages - vos mains sont des petits personnages, regardez-les, pas seulement pour maîtriser le geste, mais aussi pour les faire vivre. Le regard fait des aller-retours entre vos mains et les enfants à qui vous vous adressez. Cela soutien l'enfant dans son attention.
Les gestes - ils doivent être francs et justes. Pas trop rapide. Entraînez-vous !
La voix - elle est franche et juste ! Elle est coordonnée aux gestes, par exemple la main monte, la voix monte dans les aigus. Les mains tapent sur les cuisses, la voix est saccadée, le geste ralenti, la voix devient plus molle.
La constance - c'est une grande recette de la réussite. Le jeune enfant aime être surpris, mais aime aussi anticiper qu'il va être surpris ! Son moment préféré de l'histoire est le "badaboum" et il va vite comprendre les gestes qu'il y a avant le badaboum pour anticiper le plaisir ! Répétez les chansons, encore et encore : 3/4/5 fois. Cela sera toujours un grand succès.

Exemple : 
L'étoile polaire
tout là haut dans la galaxie (main qui tourne comme une marionnette, monte jusque tout en haut)
a vu passer 2 satellites
Wha­tcha, Wha­tcha (2 mains l'une à coté de l'autre qui dessinent un 8 horizontal - répéter 2 fois, en partant du haut à droite, la main fait la diagonale et remonte vers la gauche "wha", les mains dessinent une diagonale vers la droite  "tcha" puis remontent en haut à droite pour reprendre)
Ils faisaient une course effrénée autour de son orbite (mains qui tournent l'une autour de l'autre)
L'étoile polaire,
Agacée ! Enervée ! (mains tapent doucement la tête, deux fois, froncement de sourcils)
Dit : assez ! Assez ! (4 tapes sur les cuisses)
Vous me fatiguez ! (4 tapes sur les cuisses)
Ici, la nuit, on brille et on se tait ! Chut ! (1 main s'ouvre et se referme plusieurs fois, puis le signe chut!, doigt sur la bouche, et la voix baisse)

Cette comptine est très appréciée par les touts petits, car ils sont passionnés par les gestes de main (cela correspond à une période sensible). Puis elle devient très parlante aux 18 mois / 3 ans, car ils connaissent bien ce geste agacé à mettre les mains sur la tête, c'est très rigolo de jouer avec des choses qu'ils peuvent vivre au quotidien.

Et les chaussures ?





Par Fanny Seugé
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C'est une question importante pour les parents : 
A partir de quand je lui mets des chaussures ? 
Quelles chaussures choisir ?


Un jeune enfant apprenant à marcher n'a pas besoin de chaussuresLa fonction des chaussures est pour protéger le pied du froid et des blessures. Son utilisation est donc utile en extérieur.
Les chaussures ne devraient pas être imaginées comme une aide à la marche.
La marche s'acquiert par la somme des expériences vécues au préalable (dès la position allongée). Elle requiert un équilibre, une bonne intégration des sensations de tout le corps et principalement des pieds, une confiance en ses appuis et sa capacité de tomber, une bonne évaluation des gestes et de l'environnement.
L'équilibre se gagne au fil des jours par des expériences et des sensations. Or, les chaussures ne favorisent pas ces expériences et sensations. Elles semblent peut être donner une stabilité, et non des appuis ressentis et ajustés et un centre de gravité intégré.
Les jeunes enfants n'ont pas besoin de chaussures à l'intérieur, ils devraient être laissés pieds nus, en chaussettes où en chaussons souples prenant la forme du pied.

Les chaussures peuvent être achetées pour l'extérieur, une fois que la marche est acquise. Afin de protéger les petits pieds fragiles du jeune marcheur (donc un non marcheur n'en a pas forcément besoin). En été des chaussettes ou des petits chaussons souples suffisent.
Pour le choix des chaussures, si elles ne sont utilisées que pour marcher dehors et vu comme les pieds grandissent vite, ne vous sentez pas obligés d'y investir beaucoup d'argent. 

Choisissez des chaussures bien à la taille, qui ne contraignent pas trop les mouvements du pieds : chaussures souples, à semelle souple, qui n'empêchent pas la cheville de bouger. Et sans voûte plantaire.

Deux articles pour se renseigner un petit peu plus 



La semaine du bricolage



Par Fanny Seugé
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Cette semaine, je vous transmets mes petites idées de jeux.
A chaque jour, une ou plusieurs idées ! Les matériaux sont des matériaux que l'on peut facilement trouver chez soi, ou dans des grandes surfaces.

Les jeux sont réfléchis pour répondre aux besoins ludiques des enfants et peuvent répondre à plusieurs périodes sensibles.

En espérant que cela vous donne plein d'idées !



Aujourd'hui : les poids !
Vous trouverez des explications ici.



Jouer avec les poids, c'est jouer avec les sensations tactiles, musculaires et l'équilibre
Porter, déplacer c'est déséquilibrer son centre de gravité, la posture et le geste doivent s'adapter. Nous pouvons déplacer les objets en les portant, mais aussi en les faisant glisser sur le sol, en les poussant ou les tirant. Les faire tomber sur le sol est un jeu intéressant.
Avant de les déplacer, pour les très jeunes ou les plus grands, nous pouvons prendre le temps de les toucher, des les caresser, de taper dessus, de comprendre quelles sensations elles font.
En plus d'être des poids, ces objets sont de rigolotes étapes d'un parcours, ils sont plus ou moins stables, plus ou moins mou.


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Aujourd'hui, nous explorons la motricité fine 


Je présente cette motricité fine grâce à des plateaux, qui définissent l'espace de jeu de l'enfant et le matériel qui lui est laissé à disposition. 

Aux plus grands (au dessus de 2 ans 1/2), j'explique qu'il y a "un plateau pour un enfant". Ceci afin que les enfants puissent entièrement être concentré sur l'activité qu'ils sont en train de faire, sans avoir à se soucier au fait qu'un autre enfant viendra peut être interférer dans son projet de jeu et qu'il ne se sente pas tout le temps le besoin de défendre son espace et son matériel. Après la consigne peut être assouplie, si on voit une volonté commune de collaborer et coopérer.
L'explication donnée à un enfant prenant en main le matériel de l'autre enfant est : "tu vois, Joyce est en train d'utiliser ce jeu, nous pouvons lui demander si tu pourras l'utiliser une fois qu'elle aura fini" - "Joyce, quand tu auras fini, Naël pourra utiliser le jeu ?". Le "quand il aura fini" est très important, il respecte la volonté de l'autre et est très bien compris par les 2 enfants.
Pour les plus jeunes, j'essaye tout de même de maintenir le matériel dédié à chaque plateau, à côté ou dans les plateaux. Et j'essaye d'attirer l'attention de l'enfant sur le fait que le matériel est déjà occupé.

Les jeux ont été réfléchis par rapport à des périodes sensibles d'enfants : remplir/vider, utiliser un outil, découvrir des textures, viser.
Il n'y a aucune règle du jeu, mis à part de ne pas casser le matériel et de le ramasser si il tombe. Il n'y a pas d'échec possible et pourtant ces situations sont très riches en apprentissages. Chacun fait ce qu'il est capable de faire.
Je montre un geste aux enfants si je les sens en difficulté. Je peux accompagner le geste d'un son, qui pourra l'aider, ou encore d'une image. Mais j'évite de prendre la main de l'enfant pour lui faire faire.







J'attire votre attention sur le besoin absolu d'être à côté des enfants pour certains plateaux, et surtout pour les plus jeunes.
Les plateaux peuvent être réutilisés dans un collectivité aussi pour "distribuer" des duplo, chaque enfant peut être rassuré dans son jeu et renforcé dans son individualité lorsque la quantité de son jeu est définie et qu'il a un espace de jeu à lui. Ils peuvent être aussi rempli de pâte à sel, de feuilles gommettes et petit contenant pour les papiers décollés derrière les gommettes, de pot de crayons et feuilles, de boites avec couvercles, etc.



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Aujourd'hui : nous bricolons des tunnels !


Les miens sont fait à partir des paniers de jeux ou de linge salle de Ikea dont j'ai découpé le fond. J'en ai aussi des plus grands, mais ceux-ci permettent aux moins aventureux de voir à travers et de commencer juste avec des jeux de coucou caché. Ils ont aussi la qualité d'être courts, par contre ils sont étroits.
Les moins fans de tunnels auront juste le plaisir de mettre leur tête dedans ou de faire passer une balle à l'adulte qui est de l'autre côté. Le passage du tunnel n'est pas un but absolu, certains enfants n'aiment pas être à l'intérieur, ou le fait que le sol semble peu stable.
Les plus grands ont beaucoup de plaisir à les emboîter les uns dans les autres pour faire un long tunnel.


Les enfants aiment beaucoup jouer avec en position verticale, ils les plient en appuyant dessus et mettent leur pied dedans, ou encore ils les passent par la tête. Ils se retrouvent debout dans le tunnel. Ils aiment répéter et répéter encore ce mouvement d'entrer et sortir.
Les paniers de jeux non ajourés sont aussi très bien, les enfants peuvent se mettre dedans, mettre juste la tête, ou les utiliser aussi comme contenant, un peu comme les bassines.



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Aujourd'hui : les tirelires
Comme expliqué pour les bassines, une grande passion du jeune enfant est de vider et remplir. Le faire avec plein de contenants et de contenus leur permet d'acquérir plusieurs notions essentielles. Dans le plaisir de remplir, il y a aussi le plaisir de viser, la tirelire est un bon moyen de s'y entraîner.



On peut commencer à viser dans une fente assez grande, avec un bouchon de lait ou un anneau de rideau. En plus du plaisir de viser, et donc maîtriser un geste fin diriger par les yeux, il a le plaisir de la disparition de l'objet qui tombe en émettant un bruit qui résonne. Puis le plaisir des objets retrouvés (en quantité, pour encore plus de plaisir) lorsque l'on apprend à ouvrir la boite ou que l'on demande à l'adulte de nous aider. Et enfin le plaisir de tout renverser pour tout recommencer.
Avant de savoir viser, les boites de lait peuvent être utilisées tout comme les bassines, comme un contenant pour le tout jeune. Il aura plaisir à mettre sa main dedans pour aller chercher un objet tout au fond, ou encore à taper la boite sur le sol. 
La boite de lait est un fabuleux objet sensoriel, elle fait un bruit particulier qui résonne, on peut taper dessus fort ou du bout des doigts. Le couvercle émet un son différent du reste. Elle roule, et si elle a des objets dedans, le roulement fait un joli bruit. 


Pour les plus grands, la fente peut être plus étroite, cela permet de viser encore plus finement avec des bâtons de glace par exemple.
Les bâtons de glace sont aussi un outil pour faire de la musique, les taper sur la boite, les cogner les uns sur les autres.


Les fentes se font facilement avec un cutter.

Ce n'est pas avec plaisir que je fais de la pub pour nestlé, mais avec grand plaisir que je fais de la pub pour la récup ! 


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Aujourd'hui : la boite à découverte!



Recette : 
Une boite
Des trucs et des bidules qui font du son, ou non, qui caressent, 
qui piquent, qui sont lourds, qui résonnent et tout plein d'autres choses
Du temps

Une boite à découverte peut contenir des objets qu'ils peuvent manipuler seulement en notre présence

Voici la mienne :


Elle est pour les plus jeunes et les moins jeunes
Le but n'est pas d'identifier les objets mais de toucher, de comparer, de regarder, de cogner, 
de dire ce que l'on ressent, d'imaginer...


La boite à découverte est un moment de plaisir partagé, ou l'on commente ce que fait l'enfant, ou l'on découvre soi même, on peut se montrer l'un l'autre ce que l'on fait.

A vous de récolter des tas de jolis objets !


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Aujourd'hui nous commençons par mon matériel préféré : les bassines ! 
J'avais déjà expliqué toutes les possibilités des bassines, juste là.



Les bassines permettent des milliers de jeux et peuvent être données tout autant à des jeunes qui ne se déplacent pas encore et qui ont un grand plaisir à manipuler un objet volumineux, à écouter sa résonance, à basculer pour attraper un objet tout au fond. 
Mais aussi pour les plus grands qui entrent dedans et s'imaginent dans un bain ou dans une voiture.

C'est aussi une jolie base de parcours, elles peuvent être retournées pour faire des marches, elles obligent à faire de grands pas pour rentrer dedans, elles sont plus ou moins profondes et plus ou moins larges, le pas doit alors s'ajuster.


Associées à des bouchons de bouteille de lait, à des balles, des pots de miel, des anneaux de rideaux ou tout autres objets en quantité : elles deviennent un jeu de contenance et de transvasement. La période sensible de remplir/vider dure très longtemps chez les petits, je dirais de quelques mois à .... 3 ou 4 ans, voire plus !
C'est aussi un bon jeu pour répondre à la période sensible du déménageur, qui porte et transporte, pousse, fait glisser sur le sol.
C'est un formidable outil pour se cacher, pour le plus frileux juste sur la tête, pour les plus en recherche de cocon entièrement à l'intérieur d'une grande bassine.


Elles doivent être faites de plastique bien épais en collectivité, pour résister au mieux.


Les émotions


Par Fanny Seugé
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D'après moi, l'accompagnement de la gestion des émotions des petits est l'un des plus grands cadeaux que nous pouvons leur faire.
Je rencontre des petits avec de belles compétences motrices, avec une belle aisance corporelle, avec une gestuelle riche. C'est une chance pour eux ! Mais le meilleur outil qui leur suivra tout au long de leur développement est de savoir vivre, comprendre et exprimer les émotions.

Les étapes du développement s’acquièrent avec plus ou moins d'autonomie, notre rôle n'est pas de faire faire aux enfants, ni de leur apprendre mais de leur donner un environnement le plus propice possible à leur expérimentation.
Du point de vue des émotions, nous avons la possibilité de transmettre de bons outils aux jeunes enfants. 

La journée d'un bébé est rythmée par des états émotionnels
- l'équilibre émotionnel (homéostasie) : je me sens bien comme je suis, je suis prêt à explorer ce qui m'entoure ou à me laisser rêver, il se passe des événements autour de moi, je m'en aperçois ou non, je fais avec eux. Je joue, je bouge, je souris, je gazouille, je regarde mes mains, je regarde autour de moi.
- le déséquilibre émotionnel : un événement autour de moi m'a inquiété, m'a excité, m'a ému, m'a contrarié, m'a attristé, m'a frustré. Je pleure, je m'agite, je me cabre, je fronce les sourcils, je cherche un adulte du regard, je râle, je tourne la tête, je souris.

En tant qu'adulte, nous avons des cartes que nous pouvons utiliser pour retrouver l'équilibre émotionnel, une fois celui-ci perdu. Certains auront besoin de parler, d'autres de s'isoler, d'autres encore de faire du sport ou de se poser.
Les bébés n'ont pas encore connaissance de ces cartes. Ils vivent pleinement l'émotion sans en avoir conscience (et certainement pas dans la volonté d'être méchant ou de vous faire marcher). Ils comptent donc sur nous pour les accompagner dans les passages d'un état émotionnel à l'autre. C'est un rôle drôlement compliqué car nous ne pouvons avoir de certitudes sur la raison du déséquilibre émotionnel, ni l'analyse que nous en faisons. Mais il est important d'essayer, car les erreurs sont quotidiennes mais nécessaires.

Les outils que nous pouvons utiliser 
- la parole, elle est essentielle ! Même dès les premiers jours de vie.
       Nous pouvons décrire ce que nous voyons :"je vois que tu pleures. Je vois que tu fronces les sourcils. Je vois que tu respires plus vite"
       Nous pouvons émettre des hypothèses : "j'ai l'impression que tu es contrarié car tu jouais tranquillement et tu ne t'attendais pas que quelqu'un que tu ne connais pas fasse irruption dans la pièce" - "tu m'as l'air fatigué car je t'ai beaucoup agité avec tous mes chants et mes grimaces" - "tu es tombé, tu as du te faire mal !"
C'est un exercice pas évident. Mais vraiment vraiment essentiel ! En décrivant et parlant, nous disons au bébé qu'il est différent de nous, qu'il vit des choses intérieurement que nous observons. Et nous portons une réelle attention à qui ils sont (et non ce que nous aimerions qu'ils soient).
- le geste
       Nous pouvons nous rapprocher d'eux, leur faire des mimiques, leur parler tranquillement, leur sourire. Ces outils les aident à s'apaiser, à retrouver leur équilibre émotionnel.
       Nous pouvons leur proposer de les prendre dans les bras. C'est à mesurer, car les bras n'est pas une solution aidante pour tous les âges ni tous les enfants. Pour les plus petits, cela peut être assez systématique. Pour les plus grands, ils ne doivent pas être une réponse automatique. Ils peuvent être proposés. L'enfant saura mesurer si il est capable de retrouver son équilibre émotionnel par d'autres moyens. "j'ai vu que tu as basculé, tu as l'air vexé, si tu as besoin tu peux venir dans mes bras"
- le sensoriel, l'excitation des bébés arrive par des canaux sensoriels : la vue, l'ouïe, le toucher, la gustation, l'odorat, la sensation de l'intérieur (appareil digestif, respiratoire) et vestibulaire (sensation d'équilibre, de mouvement). 
      Nous pouvons nous questionner sur des ajustements de leur environnement que nous pouvons leur apporter. Le bébé est peut être en train de dire qu'il y a trop de sensations en même temps autour de lui, que son cerveau sature. Nous pouvons baisser la lumière, changer de salle si il y a trop de bruits, lui proposer de s'allonger.
- l'attention
      Nous pouvons proposer à l'enfant une autre source d'attention pour l'aider à passer à autre chose et à s'apaiser. D'après moi, la conscience des périodes sensibles du bébé est essentielle pour avoir recours à cet outil. Un bébé qui s'agite car il y a beaucoup de mouvements autour de lui, nous montre qu'il a une saturation sensorielle, que son émotion se déséquilibre. Si nous savons qu'il est en ce moment passionné par le mouvement des mains de l'adulte, nous pouvons faire des mouvements lents des mains devant lui, son attention investit dans une activité qui répond à ses compétences de jeu lui permettra de retrouver un équilibre émotionnel (et de zapper son environnement trop stimulant). 
       Cela peut aussi se faire par des situations de jeux rigolotes. Le rire partagé, donc la complicité permet de dépasser des situations émotionnelles difficiles.



L'expression des émotions
Les bébés ont leur mimiques, leur voix, leur corps pour exprimer les émotions. L'expression est assez pauvre à la naissance (état de pleurs, état de calme), et se développe au fil du temps (surprise, méfiance, joie, calme, curiosité, frustration, saturation, etc). Elle est parfois très explicite : cris, ou parfois très discrète : accélération de la respiration ou gestes ralentis.
Nous ne pouvons pas être à chaque instant à l'écoute fine de l'état émotionnel de l'enfant, et tant mieux. Mais nous pouvons nous entraîner à affiner notre regard pour capter de plus en plus d'expressions.
Par ailleurs, si le jeune enfant a un comportement répétitif dans une même situation. C'est peut être que ce nous captons de lui n'est pas tout à fait juste. Nous pouvons donc nous poser la question de ce que nous interprétions comme de l'impatience est peut être plus une incapacité à s'apaiser. Il est alors temps d'essayer une nouvelle façon se faire.

Reconnaître les émotions
Dire à un jeune enfant : "tu es capricieux, je t'ai dit non!", c'est comme lui dire qu'il n'a pas le droit de ressentir une émotion. Or, nous vivons tous des émotions, de façon plus ou moins fortes, et nous ne pouvons les empêcher nous avons besoin de les évacuer. L'adulte va pouvoir le faire de façon raisonnée et décalée dans le temps. Le jeune enfant exprime ce qu'il vit sur le moment présent.
Un bébé n'est pas capricieux, il peut être frustré et avoir du mal à retrouver son équilibre émotionnel. "Je t'ai interdit de monter sur la chaise, tu peux être triste et énervé, si tu as besoin de mes bras pour te calmer je suis là" serait un petit peu plus juste, ou encore "tu n'es pas d'accord avec moi et ça t'énerve, tu as le droit de te sentir énervé car je t'ai dis non".

Prenons garde aux situations trop excitantes. 
Nous essayons d'aider les enfants à se calmer lorsqu'ils sont tristes ou énervés. C'est très bien ! 
Nous aimons bien quand les enfants sont très rieurs et joyeux. C'est bien aussi ! Mais attention au "trop" rieur et joyeux. L'excitation n'est pas un équilibre émotionnel. Les enfants en ont besoin de façon mesurée, ils peuvent facilement se laisser envahir par l'excitation. Ils ont besoin que nous soyons attentifs aussi à cette émotion et que nous leur proposions des outils pour la calmer.
Dans un des films fait par l'association Loczy, il y a une scène en extérieur ou un enfant découvre un robinet d'eau. Cet enfant est très expressif, il pousse des cris, semble très attentif à ce qu'il voit. J'ai regardé cette scène avec beaucoup de plaisir à voir la joie de cet enfant. Cependant j'ai compris ensuite que plus que de la joie, c'était de l'excitation excessive de laquelle l'enfant avait du mal à se sortir. En regardant de nouveau les images, j'ai perçu que son émotion était grandement déséquilibrée, son regard par exemple était presque hypnotisé par l'eau. Cet enfant avait besoin d'un adulte l'aide à se calmer, la situation n'était pas une situation propice à la découverte et à l'exploration. J'ai beaucoup appris en voyant cette vidéo. Elle m'a permis de me poser la question par rapport à d'autres enfants et d'autres situations et d'apporter mon aide lorsqu'ils en avaient besoin.

Pour les adultes comme pour les enfants, les émotions sont ce qu'elles sont, nous sommes tous plus ou moins sensibles. Elles ne peuvent pas être source de jugement car elles ne sont pas un choix. Donner de bons outils dès le plus jeune âge permet à l'enfant de grandir plus sereinement, d'être plus prêt à apprendre, de mieux se positionner parmi les autres.

D'autres documents sur les émotions :

La neuroscience et les émotions : http://www.leo-melrose.com/neuroscience-2-techniques-pour-aider-votre-enfant-a-se-calmer/

Une vidéo d'Isabelle Filliozat : http://www.aufeminin.com/video-maman-bebe/reconnaitre-caprices-enfant-isabelle-filliozat-n59495.html